Sur l’aliénation parentale… (partie 3)

{un texte de © Lola Swann : préciser auteure & lien pour toute citation}


 L’aliénation parentale :
une grave maltraitance,
méconnue et sujette à controverse

Plaidoyer pour la reconnaissance de l’aliénation parentale

(Partie 3)
{Lire aussi la partie 1 (description du phénomène) et la partie 2 (origines du concept et polémiques)}

L’aliénation parentale, ce grave abus émotionnel exercé par l’un des parents sur son enfant et sur l’autre parent à la suite d’une séparation ou d’un divorce, n’est pas sans conséquences… Les dommages sur l’enfant seront considérables, même une fois devenu adulte. Le parent aliéné ne sera pas épargné. Leurs droits, à tous deux, auront été bafoués.

Par ailleurs, les lacunes quant à la reconnaissance de cette maltraitance influenceront grandement la façon dont les affaires seront traitées dans les cours de justice. La société de demain, tout entière, en pâtira.

Ci-après, un aperçu des conséquences de l’aliénation parentale, assorti de témoignages de victimes…

Conséquences de l’aliénation parentale & témoignages

▶ Atteinte aux droits de l’Enfant

L’aliénation parentale est un abus psychologique redoutable pour l’enfant en devenir, qui ébranle le fondement même de son identité et de sa personnalité, et compromet son épanouissement psycho-affectif futur.

En outre, dans les cas les plus sévères où le lien parent-enfant est durablement coupé, l’aliénation parentale porte atteinte à son « droit élémentaire d’entretenir régulièrement des relations personnelles et des contacts directs avec ses deux parents », droit qui devrait pourtant normalement lui être garanti par l’article 9 de la Convention internationale des Droits de l’Enfant, entrée en vigueur le 2 septembre 1990, soit depuis déjà trente années.

L’aliénation parentale est un abus psychologique redoutable pour l’enfant en devenir.

Alia E. – École Jean Errard, Bar-le-Duc (source : jurisanimation.fr/wp-content/uploads/2012/05/cide1.jpg)

Atteinte aux droits du Parent

Selon l’article 373-2-11 du Code civil, modifié par la loi n° 2010-769 du 9 juillet 2010 – art. 8, le juge, lorsqu’il se prononce sur les modalités d’exercice de l’autorité parentale, doit prendre en considération entre autres : « l’aptitude de chacun des parents à assumer ses devoirs et respecter les droits de l’autre » et « les pressions ou violences, à caractère physique ou psychologique, exercées par l’un des parents sur la personne de l’autre ».

Dans un cas d’aliénation parentale, ces droits ne sont pas honorés, le parent aliénant exerçant un abus émotionnel grave sur le parent aliéné, le privant de ses droits de parent. Démuni, le parent déchu de ses fonctions parentales pleure la perte de son enfant. Il vit dès lors dans l’angoisse que celui-ci grandisse avec un parent pouvant être un agresseur émotionnel, et dans l’impuissance à pouvoir le protéger de ce parent maltraitant.

Éradication d’une moitié du génogramme

L’aliénation parentale ne raye pas seulement de la carte le parent aliéné ; elle s’étend également aux grands-parents de l’enfant du côté de ce parent exclu, à ses oncles, tantes, cousins, etc. En somme, c’est toute une moitié de son arbre généalogique qui est complètement éradiquée, quasiment du jour au lendemain, et avec qui il n’entretient plus aucun contact. L’aliénation parentale le prive, si l’on peut dire, de la « moitié » de son identité (origine, culture, relations, apprentissages… mais aussi et surtout amour).

J’ai peur de ne plus pouvoir voir mes petits-enfants…❞ {Marie-José}

Marie-José, mamie de deux petites-filles, qu’elle ne voit plus qu’à de très rares occasions suite au divorce de son fils, raconte :

« La mère de mes petites-filles leur monte la tête pour ne pas qu’elles viennent chez leur père. Deux fois, elle a demandé au juge d’enlever le droit de visite et d’hébergement, deux fois sa demande a été rejetée. Donc elles sont venues pendant les vacances de février, mais pas pour les vacances de Pâques à cause du coronavirus. J’ai peur que les demandes de mon ex-belle-fille finissent un jour par aboutir et de ne plus pouvoir voir mes petits-enfants… »

Désidentification de l’enfant

Le paroxysme de l’aliénation parentale, c’est cette obstination à nier le lien de parenté qui existe avec l’autre parent. Le parent aliénant va effacer toute part de l’autre parent dans l’identité même de son enfant : il le désidentifie.  Cela est quasi toujours le cas lors d’un remariage où le parent aliénant cherche à éliminer la tache, l’erreur du passé pour reconstruire une vie qu’il souhaite « parfaite ».

Dans les cas les plus extrêmes, le parent aliénant (il s’agit alors de la mère) pourra entamer une procédure juridique pour faire changer le nom de famille de l’enfant (en lui donnant par exemple son nom de jeune fille ou encore le nom du beau-père). Si cette demande aboutit, l’enfant sera alors totalement amputé d’une part de son identité.

Le parent aliénant va effacer toute part de l’autre parent dans l’identité même de son enfant.❞

 Réécriture de l’histoire familiale

Le parent aliénant peut aller jusqu’à réécrire l’histoire de l’enfant, la relation qu’il entretenait avec son autre parent avant la séparation.  À ce stade, il n’est pas rare qu’il empire ce qu’était la situation à l’époque du divorce (en donnant par exemple tous les torts au parent aliéné) voire qu’il profère de fausses accusations. Il pourra par exemple accuser le parent d’avoir été maltraitant, violent envers l’enfant ou envers lui-même/elle-même, son/sa conjoint(e). Les fausses accusations consolident la rupture du lien avec le parent aliéné : l’enfant est face à un discours qui ne reflète pas ce qu’il a vécu et crée de la méfiance voire de la peur.

Face à deux versions contradictoires, il aura du mal à distinguer le vrai du faux. Mais rapidement (d’autant plus vrai si l’enfant est très jeune lors de la séparation), il va intégrer ce discours du parent aliénant. Cela constituera alors sa réalité, sa vérité, l’histoire même de son passé, de sa vie.

 Vie psychique de l’enfant suite au traumatisme

Chaque façon de réagir au traumatisme est différente.

Au moment où l’aliénation parentale se met en place, l’enfant pourra par exemple refuser de s’alimenter, avoir des troubles du sommeil ou bien arrêter de s’exprimer, de rire… Son comportement habituel pourrait changer, comme une manière pour lui de manifester sa douleur. Il pourra aussi au contraire devenir plus « difficile », exprimer par exemple son refus pour toutes sortes d’activités qu’il avait plaisir à faire avant (prendre son bain, aller au parc, etc.). Cependant, assez rapidement, une fois que l’aliénation sera bien en place, il aura tendance à redevenir assez « normal » : enfant modèle, sage, ne faisant pas de vagues, bon élève, voire surinvestissant l’école, tant et si bien que son traumatisme pourrait alors passer inaperçu.

Est-ce une volonté inconsciente de l’enfant pour ne pas éveiller les soupçons, comme s’il était dès lors une sorte de complice de son parent aliénant ? Est-ce une conséquence du traumatisme qu’il a vécu, de sa désidentification, une impossibilité de devenir lui-même et donc d’être contraint de s’effacer ? Quoi qu’il en soit, sous la surface, la souffrance est bel et bien là comme en témoigne Lila, privée de tout contact avec son père aujourd’hui décédé :

Mon cœur souffre d’un mal que je ne peux dire avec des mots…❞ {Lila}

J’avais 3 ans quand mes parents se sont séparés. Trop petite, je n’ai aucun souvenir de cette séparation, et de tout le drame qu’il y a eu autour. Protection oblige, mon cerveau a tout oublié ; mon cœur lui a tout gardé mais c’est comme du vent : il souffre d’un mal que je ne peux dire avec des mots. À l’aube de cette séparation, je n’ai aucun souvenir de ma génitrice me disant : « Ton père est mort, il n’existe pas ! » (paroles rapportées par un proche, 30 ans plus tard) si j’osais poser une seule question, ne serait-ce qu’avec mes yeux, sur le pourquoi de son absence. Je conserve seulement le souvenir de l’après-séparation. Un manque indicible, une tristesse incommensurable…

▶ Santé physique et mentale de l’adulte qu’il deviendra

Le phénomène d’emprise à l’œuvre dans l’aliénation parentale est comparable aux moyens utilisés par une secte pour séduire et garder ses fidèles. Ce phénomène d’emprise se retrouve aussi dans le harcèlement moral ou encore l’inceste. Un enfant pris dans le piège de cette alliance perverse mettra de nombreuses années à s’en remettre… s’il s’en remet. Car c’est seulement à l’âge adulte que se révèlent les conséquences de l’aliénation parentale qui agit comme une bombe à retardement. Si dans la majorité des cas, l’enfant va très bien, c’est au moment où il accède à l’autonomie (à sa majorité) que les séquelles commencent à se ressentir…

Ce phénomène d’emprise se retrouve aussi dans le harcèlement moral ou encore l’inceste.

Ces effets à long terme peuvent donner tout un panel de symptômes différents, qui s’articulent autour de la relation à l’autre (difficulté du lien), d’un besoin de contrôle ou de sécurité, d’une vision irrévocable ou manichéenne du monde… Des études menées par des chercheurs américains (dont Philip Stahl, Docteur en psychologie spécialisé dans les conflits familiaux liés au divorce) ont décrit toute une série de troubles se manifestant à l’âge adulte. L’on peut citer entre autres ceux-ci : division dans les relations, déficit dans la capacité à gérer la colère et les conflits, manque de sécurité intérieure, tendance à se croire au-dessus des lois, déficit dans la capacité à être parent, syndrome psychosomatique, vulnérabilité psychologique, dépendance affective…

L’adulte devra vivre avec un fort sentiment de culpabilité, conscient ou non, pour avoir jadis rejeté et « participé » à la destruction de son autre parent. Cette culpabilité pourra se manifester par des troubles du sommeil, de l’alimentation, une faible estime de soi, une psychose, une dépression… Les enfants aliénés seraient en outre davantage prédisposés à la toxicomanie, aux accidents suicidaires, et auraient un risque plus élevé que la moyenne de développer une personnalité antisociale. De façon générale, toute personne ayant subi, dans l’enfance, des violences physiques, sexuelles ou psychologiques est plus exposée aux risques de maladies mentales, de consommation de drogues et d’alcool, d’obésité et de maladies chroniques, comme le rapporte l’agence de l’ONU (janvier 2020).

Conséquences pour le parent aliéné

Les cas sont aussi divers qu’il existe de parents aliénés. La rupture du lien pourra perdurer tout au long de la vie, avec, comme nous l’avons vu précédemment, des conséquences dramatiques sur la santé notamment mentale, pouvant conduire au suicide. Mais, il est possible, et c’est ce pourquoi la reconnaissance de l’aliénation parentale est à ce jour essentielle, qu’à force de batailles juridiques, le lien entre l’enfant et le parent aliéné puisse être rétabli. C’est ce qu’a vécu Nicolas, père de Lola, 5 ans :

J’ai pensé à ma petite fille, à sa joie lors de nos retrouvailles, à mon rôle de bon parent… et j’ai tenu le coup grâce à ma famille.❞ {Nicolas}

Mon ex a profité de la période d’attente du jugement pour déménager et ensuite affirmer : « Il habite trop loin, la résidence alternée n’est pas possible. » À cela se sont ajoutées de multiples insinuations visant à me retirer l’autorité parentale (incestueux, alcoolique, violent envers l’enfant et la maman, inaptitude parentale, impossibilité professionnelle…). Pas très loin de pensées suicidaires face à ces accusations, j’ai pensé à ma petite fille, à sa joie lors de nos retrouvailles, à mon rôle de bon parent… et j’ai tenu le coup grâce à ma famille. Suite à quoi, heureusement, j’ai pu monter un énorme dossier et prouver in extremis aux enquêteurs sociaux et à l’experte psychologique qu’il n’y avait aucun problème. Aujourd’hui, la coparentalité fonctionne très bien, même si j’ai toujours peur de mon ex. Si la mère avait gagné, ma fille aujourd’hui âgée de 5 ans (2 ans au moment de la séparation) n’aurait pas pu tisser ce lien unique, fait de tout l’amour et toute l’affection qu’elle me porte. Malgré ce vécu difficile, je fais tous les efforts devant Lola pour valoriser sa mère, tout en lui rappelant que papa et maman ont de nouveaux amoureux.

Fabienne n’a pas eu cette chance.
Depuis son divorce il y a huit ans, elle est aujourd’hui toujours privée du lien avec ses enfants :

Seul l’espoir de les revoir un jour me fait avancer...❞ {Fabienne}

Notre couple battait de l’aile, nous avions déjà été infidèles tous les deux. J’étais malheureuse car mon mari avait souvent des accès de colère. J’avais peur de lui, je ne l’aimais plus. Puis j’ai eu à nouveau une aventure… Lorsqu’il l’a découvert, il a réuni nos enfants (Victor avait alors 27 ans ; Vanessa, bientôt 25 ans ; Rose, 21 ans et Hugo, 12 ans) et m’a jugée devant eux comme dans un tribunal. Je ne me suis pas défendue, j’avais peur, bien qu’il ne m’ait jamais frappée, j’étais désemparée et je culpabilisais. Quand j’ai voulu prendre une avocate, il m’a menacée : « Je vais te pourrir la vie, tu ne reverras plus jamais tes enfants ! » L’enfer a commencé pour moi ce jour-là.

Mes grands enfants ont très vite coupé les ponts. Je voyais le plus jeune, Hugo, mais très rarement, selon ce que son père décidait. Mais il était fuyant et refusait toute sortie : « On fait comme papa a dit, tu me ramènes à la maison de suite ! » Très vite je ne l’ai plus reconnu, il ne m’appelait plus « maman », refusait que je le touche, m’a dit un matin dans la voiture : « Je ne t’aime plus » froidement, malgré mes larmes… Cette situation est toujours très éprouvante, j’ai fait une tentative de suicide, ai suivi cinq thérapies… L’été dernier j’ai enfin pu revoir ma fille, Rose (29 ans), elle était dans la retenue mais j’étais si heureuse. Puis son père l’a su et depuis, elle ne veut plus me revoir. J’avais appris à mes enfants l’amour, la bienveillance, la tolérance… Ils sont désormais à l’image de leur père, surtout Hugo qui était un garçon si sensible. Victor et Vanessa ont chacun des enfants : je n’ai jamais vu mes quatre petits-enfants. Je sais que je ne pourrai jamais guérir de cette blessure, seul l’espoir de les revoir un jour me fait avancer.

 Conséquences pour la société de demain

Des enfants orphelins d’un parent vivant,
des adultes amputés d’une part de leur identité.

Quels effets pour le monde de demain ? Des enfants sans père ou sans mère, comme orphelins d’un parent vivant. Des adultes amputés d’une part de leur identité, d’une moitié de leur génogramme, à qui l’on a inculqué le modèle relationnel de l’emprise, à qui l’on a enseigné qu’il valait mieux être « dominant » que « dominé », que c’était ainsi que le monde fonctionnait. Une culpabilité inconsciente, des souffrances invisibles et leurs séquelles sur la santé physique, mentale de ces citoyens, sur le devenir d’une société déjà suffisamment aliénante au sens premier du terme, à laquelle on apporte de nouveaux potentiels « manipulateurs » et « endoctrinés ».

Quid des parents aliénés ? Privés du lien avec leur progéniture, leur santé mentale voire physique ne sera pas épargnée. Sentiments mêlés de rage, de haine et de désespoir, avec peut-être tout au bout, malgré tout, une petite lueur d’espoir : que leur enfant plus tard « ouvre les yeux » et vienne les retrouver. Dans cette attente à l’issue plus qu’incertaine, leur douleur est peut-être la seule chose qui les maintienne encore en vie. De futurs poètes pour la société de demain, c’est bien aussi…

Dominique nous dépeint sa douleur, les couleurs de son monde à lui depuis que son fils a disparu de sa vie, il y a de cela plusieurs années :

❝Il n’est pas un jour et pas une nuit qui passe sans penser à lui. Ce vide au ventre me rappelle sans cesse ce qu’on m’a pris. Une plaie permanente sans espoir de guérison qui m’accompagne tout au long de mes jours noirs et de mes nuits blanches. L’être humain est donc capable de tous les crimes, y compris celui de mutiler l’amour, d’arracher la chair de la chair, de haïr aveuglement au point de détruire son propre enfant. Le ciel n’est plus bleu, le soleil ne brille plus, les oiseaux eux-mêmes se sont tus.

L’être humain est donc capable de tous les crimes,
y compris celui de mutiler l’amour ?❞ {Dominique}

▶ Conséquences (de la méconnaissance de cette maltraitance) pour la Justice

Dans la sphère juridique, les enjeux de l’aliénation parentale sont redoutables. Depuis plus de quarante ans, les divorces ont explosé. Parce que les effets de cet abus ne se révèlent sur les enfants qu’à l’âge adulte, nous manquons encore de recul. Pourtant, personne ne peut nier la souffrance derrière cette maltraitance, quel que soit le nom qu’on lui donne, pas même les juges. Ceux-ci désignent des psychiatres et psychologues comme experts, afin de statuer si oui ou non, il y a aliénation parentale.

Mais comment faire sans protocole à suivre ? Sans une démarche rigoureuse à proposer, pour pouvoir évaluer avec soin et fiabilité si l’enfant se trouve ou non dans une situation d’aliénation parentale ? Comment les institutions psychiatriques, sociales, juridiques ou encore policières peuvent-elles réagir de façon efficace à de telles situations si elles n’ont pas été formées en amont sur la maltraitance que constitue l’aliénation parentale ? Voire pire, si elles n’en ont jamais entendu parler ? Car c’est encore aujourd’hui, bien trop souvent, au petit bonheur la chance…

Quand un juge aux affaires familiales (JAF) doit prendre une décision concernant le droit de visite et les horaires de garde, plusieurs facteurs entrent en jeu, dont notamment l’attachement de l’enfant à ses parents. Dans le cas où l’enfant rejette l’un de ses parents, il est nécessaire pour le tribunal de déterminer si ce rejet est justifié (négligence, maltraitance du parent) ou injustifié (comme dans le cas de l’aliénation parentale). Or, parce que l’aliénation parentale n’est pas encore « officiellement » reconnue dans le milieu juridique, il n’est pas rare de voir certains juges agir à leur guise. Pour donner un exemple : une affaire récente aux États-Unis dans laquelle le juge a d’emblée précisé : « Je ne crois[3] pas à l’aliénation parentale. » Dès lors, comment ce JAF aurait-il pu émettre un jugement de façon impartiale dans cette affaire ?

[3] Notons ici l’emploi du verbe « croire » comme on parlerait d’une religion, ce qui en dit long sur l’effet que peuvent avoir les propos des détracteurs, consistant à nier (y croire versus ne pas y croire) l’existence du phénomène.

Avec encore de nombreux tribunaux ne connaissant pas le phénomène d’aliénation parentale, la France accuse un retard certain par rapport à son homologue américain où est né le concept (l’une des premières reconnaissances du phénomène d’aliénation parentale aux États-Unis remonte au 18 août 1987 en Californie). Malgré tout, depuis un peu plus d’une décennie, certains tribunaux commencent à faire reconnaître cette maltraitance en France…

Ainsi, le tribunal de grande instance de Toulon a reconnu pour la première fois le phénomène d’aliénation parentale à la date du 4 juin 2007. Une décision juridique concernant un cas d’aliénation parentale a suivi l’année d’après avec le jugement de Laval du 8 février 2008. Le 1er septembre 2015, c’est le tribunal de grande instance de Lyon qui a rendu sa décision dans le cadre d’un divorce conflictuel : un parent a été jugé en correctionnelle pour violences et manipulations psychologiques sur ses enfants. S’en sont suivies récemment des dizaines d’autres décisions judiciaires mentionnant l’aliénation parentale.

Une avancée lente mais prometteuse…

En conclusion…

La reconnaissance de la violence conjugale a été longue, il en a été de même pour l’inceste. On commence seulement à reconnaître la violence éducative ordinaire, qu’elle soit physique ou psychologique, dont la loi pour l’interdire est passée il y a un peu plus d’un an (juillet 2019).

Aussi, l’aliénation parentale a encore du chemin à parcourir pour sa reconnaissance. Bien que déjà beaucoup d’études scientifiques aient été réalisées pour décrire le phénomène et tenter de l’expliquer, il en faudra encore un certain nombre pour pouvoir valider le concept dans son ensemble et établir un diagnostic précis. Heureusement, envers et contre tous les détracteurs, plusieurs groupes d’études scientifiques y travaillent encore aujourd’hui…

Pour faire progresser la recherche dans ce domaine, le Docteur Bensussan invite à « expurger la passion et le militantisme que suscite actuellement l’aliénation parentale. Les polémiques sexistes réductrices gênent – quand elles n’empêchent pas – la réflexion sur ce thème et la connaissance de ce phénomène », explique-t-il.

Les polémiques sexistes réductrices gênent – quand elles n’empêchent pas – la réflexion sur ce thème et la connaissance de ce phénomène.❞

Sur le plan juridique, souhaitons que les jugements des tribunaux de Toulon, de Laval, de Lyon… et de ceux qui ont récemment suivi, ouvrent une porte, deviennent des exemples… Pour qu’un jour prochain, le lien entre parents aliénés et enfants puisse se reconstruire. Pour qu’un jour prochain, non plus dans le conflit pour statuer si l’aliénation parentale existe ou non, nous marchions tous, à l’unisson, pour sa reconnaissance.

Nous donnant ainsi les moyens d’entendre la souffrance de ces victimes pour leur apporter une réponse psycho-juridique adaptée. Nous donnant ainsi les moyens d’agir en amont pour prévenir ce phénomène… et empêcher des drames.​

© Lola Swann

✏️ Pour toute citation de cet article, merci de préciser la source (nom auteure + lien) :
“L’aliénation parentale : une grave maltraitance, méconnue et sujette à controverse (partie 3)” de Lola Swann: https://lolaafleurdemots.wordpress.com/2020/11/20/sur-lalienation-parentale-partie-3/

***

ÉLINA, une histoire qui parle d’aliénation parentale

Fin de l’article

Lire la 1re partie de cet article : description du phénomène d’aliénation parentale.
Lire la 2e partie de cet article : origines du concept d’aliénation parentale et polémiques.

Cet article a été écrit en avril 2020 et publié ici-même en novembre de cette même année, dans le contexte de la Journée Mondiale des Droits de l’Enfant. En effet, la sensibilisation à cette maltraitance est rarement (voire jamais) évoquée lorsqu’il s’agit (pourtant) de promouvoir les droits des enfants…

⭐Idée lecture⭐ É L I N A : roman ayant pour toile de fond l’aliénation parentale

Bibliographie et sitographie

  • Bernet W., Wamboldt M.Z., Narrow W.E. (2016). Child Affected by Parental Relationship Distress – Journal of the American Academy of Child & Adolescent Psychiatry.
  • Bernet W., Lorandos D. (2020). Terminologie et définitions de l’aliénation parentale. Extrait du livre Parental Alienation: Science and Law.
  • Bernet W. (2020). Continuing the Discussion Regarding Parental Alienation and ICD-11.
  • Fuechsle-Voigt T. (2004). Le succès de la coopération ordonnée du « modèle de Cochem. Familie, Partnerschaft und Recht (FPR), 11, 600-602. http://www.mcpf.ch/images/mcpf/pdf/20070608_motion101.pdf
  • Gardner, R.A. (1992). The parental alienation syndrome. Cresskill: Creative Therapeutics
  • Gardner, R.A. (1992). True and False Accusations of Child Sex Abuse. Cresskill, NJ: Creative Therapeutics, 193.
  • Goudard B. (2008). Thèse de doctorat en médecine – Le syndrome d’aliénation parentale.
  • Racamier P.C. (1986). Entre agonie psychique, déni psychotique et perversion narcissique, Revue française de psychanalyse, vol. 50, n° 5.
  • Racamier, P.C. (1992). Pensée perverse et décervelage, Secret de famille et pensée perverse. Gruppo n° 8, Revue de psychanalyse groupale, Paris : Apsygée, 137-155.
  • Stahl, P. M. (1999). Complex issues in child custody evaluations. Sage Publications.
  • Van Gijseghem, H. (2003) L’aliénation parentale : les principales controverses. Revue d’Action Juridique et Sociale, Journal du Droit des Jeunes n° 230.
  • Warshak A.R. (2014). Aliénation parentale : de quoi s’agit-il et comment le gérer ?

Note de l’auteure

Certains prénoms ont été modifiés.

Je remercie chaleureusement les personnes qui ont partagé avec moi leurs histoires familiales douloureuses, pour leur confiance et leur sincérité. Leurs témoignages constituent un apport précieux et essentiel pour la compréhension de la souffrance causée par l’aliénation parentale. Un grand merci aussi au Docteur William Bernet, Président du groupe d’études sur l’aliénation parentale (PASG), pour avoir eu la gentillesse de répondre à certaines interrogations sur le sujet, notamment concernant la (non-)reconnaissance scientifique de l’aliénation parentale dans le CIM.

« Merci » aussi au confinement (de mars) de m’avoir offert du temps pour pouvoir écrire cet article…

Et merci à la liste des innombrables journaux et magazines qui, tout au long de ces sept derniers mois, ont tour à tour refusé de publier cet article, lui offrant ainsi la meilleure place qui soit sur la toile ! 😉

***
Découvrir aussi

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MAJ 3/3/2021 : Nouvelle page à découvrir « Vidéos et témoignages autour de l’aliénation parentale »

Publié par Lola à fleur de mots

Lola Swann ~ authoresse

8 commentaires sur « Sur l’aliénation parentale… (partie 3) »

  1. Je vous remercie beaucoup pour votre travail qui est remarquable. Je vais m’efforcer de diffuser le texte via les réseaux sociaux comme je peux.
    De mon expérience personnelle qui est déjà longue de 5 ans passées et évidemment très douloureuse, je peux témoigner que ce qui marque le plus c’est la violence institutionnelle qui frappe des victimes déjà à terre. Il n’y a juste pas de mots. Notre indicible réalité

    Aimé par 1 personne

    1. Merci beaucoup pour votre message, et de contribuer au partage de ce texte. La violence institutionnelle semble être un grave fléau de notre époque ; anéantir au lieu de venir en aide… Merci pour ce témoignage. En vous souhaitant force et courage, Lola

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      1. Chère Lola, merci mille fois pour votre implication et votre courage à dénoncer ces situations qui vont sembler probablement irréalistes pour la plupart des gens, car il faut avoir vécu et vu la haine et la destruction engendrée par cette maladie pour comprendre et croire que cela soit encore possible, en 2020, dans nos pays.

        Lorsque je tente de parler de cette maladie à ma famille ou mes amis, chacun baisse les yeux et ne sais que dire, ils relativisent ou entrent dans la philosophie… chaque humain équilibré à qui j’ai tenté d’expliquer ce phénomène, dont nous sommes victimes ma fille et moi depuis 5 ans, est systématiquement entré dans un profond déni, voire une colère (in)justifiée.

        Toutes les plaintes et les demandes d’aide officielles sont classées sans suite, il existe de nombreuses pétitions et démarches qui dénoncent les abus de notre système judiciaire, mais celle-ci n’évoluent pas car les citoyens ont trop honte d’admettre que cela puisse encore exister aujourd’hui dans leur société. l est effectivement trop difficile de croire que l’on puisse encore maltraiter des enfants pour des intérêts personnels, ego ou financiers, clairement et légalement entretenu par nos institutions.

        Selon mon constat ces cinq dernières années, même si j’ai vu des personnes s’y opposer, il n’est pas envisageable de corriger l’irresponsabilité et les mentalités du grand nombre de personnes corrompues à l’intérieur de nos institutions, car tout le monde doit manger. Cela implique par exemple que ma fille n’aura probablement jamais la possibilité de connaître son père biologique, pour au moins, toute son enfance… Il me faut l’accepter et ne pas oublier que c’est largement pire dans les pays moins favorables encore, mais elle saura au moins tout l’amour que je lui porte et tout le respect que je lui dois. Elle saura que j’ai effectivement tout essayé car nous le méritons et que nous nous devons de travailler et la protéger pour lui accorder, au minimum, un avenir dans lequel chaque article de la CIDE sera respecté, quel que soit le contexte, et ceci pour chaque enfant, partout dans le monde.

        La suite pour moi prochainement à la cour Européenne des droits de l’homme, afin d’espérer une retour sur le politique qui pourra alors envisager un motion de réforme de la justice familiale, afin de lui permettre d’avoir les moyens d’aider efficacement quand nécessaire (oui c’est possible) et de ne plus être seulement un instrument de division et de punition.

        Un pas à la fois, dans le bon sens et nous sortirons un jour de l’âge sombre.

        Encore merci pour ce que vous faites, vous avez tout mon soutien, gardez le sourire, votre Papa serait très fier de vous ! 🙂

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      2. Merci à vous Sébastien pour votre message qui me touche beaucoup. Je suis attristée d’apprendre que vous êtes à ce jour séparé de votre enfant à cause de l’aliénation parentale qu’elle subit, et aussi de la façon dont réagissent vos proches et votre entourage, cette indifférence, ce déni, au lieu de vous soutenir… Je vous souhaite de pouvoir revoir votre fille avant la fin de son enfance, je suis certaine qu’elle pense à vous, même si tout n’est probablement pas clair dans son esprit quant aux sentiments qui l’animent… Concernant ce que vous dites des institutions, j’ai en effet pu lire çà et là que l’intégrité et la bienveillance n’étaient pas leur fort, ce qui suit une certaine « logique », la société se gangrenant de toutes parts… Je vous souhaite, et le souhaite pour tous les parents à ce jour privés de leur(s) enfant(s), que votre demande auprès de la Cour européenne des droits de l’homme puisse avoir une issue positive. Bien à vous, Lola

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  2. Ce troisième article est tout autant excellent que les deux autres.

    En effet, il est vraiment temps que le concept d’aliénation parentale soit pleinement pris en compte, car cette maltraitance psychologique occasionne de trop grandes souffrances.

    Pour conclure, ces trois articles permettent de vraiment bien comprendre cette maltraitance.

    Très bon travail de l’auteure !

    Aimé par 1 personne

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