Le port du masque à l’extérieur n’est pas au goût de tous

{article datant du 19 septembre 2020}

Samedi dernier, dans la rue de Rome à Marseille – une rue assez fréquentée dans laquelle vont et viennent les piétons et le tramway –, une jeune femme s’est fait arrêter par trois policiers en vélo. Comme un certain nombre de personnes à ce moment-là, sous le soleil de midi, elle ne portait pas son masque. Enfin si, elle le portait… Mais à la main.

Cela aurait pu tomber sur cet homme qui se baladait tranquillement avec son enfant, le masque rabaissé au niveau du menton. Ou bien sur cette femme assise sur une marche, le visage à l’air libre et le regard tantôt sur son téléphone, tantôt sur les passants. Ou encore sur ce couple de personnes âgées, dont le masque ne recouvrait qu’une partie non autorisée : la bouche.

Mais c’est tombé sur elle…

Se défendant d’être « jeune travailleuse », s’indignant de devoir débourser « autant pour si peu » – les 135 euros d’amende que les policiers lui réclamaient –, elle interpellait les passants, les prenant à témoins de cette « injustice » et sollicitant leur aide. Mais en somme, eux comme elle le savaient ; les policiers étaient dans leur droit : elle n’avait pas respecté la loi.

En effet, dans les Bouches-du-Rhône comme en Île-de-France et dans plusieurs grandes villes françaises, le port du masque est devenu obligatoire dans l’espace public (depuis le 26 août, pour toute personne dès l’âge de 11 ans). L’espace public qui ne comprend plus seulement les espaces clos (transports, entreprises, magasins, etc.) et quelques places et rues très fréquentées, triées sur le volet, mais l’ensemble des rues, en somme tout l’espace extérieur.

« Sortez masqués ! », telle est l’injonction du moment, où que ce soit. Pourtant, tout comme cette jeune femme indignée d’avoir reçu une amende, nombreux sont celles et ceux, de tous bords, pour qui l’obligation de porter un masque à l’extérieur est une décision incohérente, voire abusive…

« Le principe de précaution justifierait le port du masque à l’extérieur. Mais non, bien sûr que non ! », se révolte par exemple Fabrice Di Vizio, avocat des professions de santé, lors d’une entrevue télévisée. Et de souligner moult incohérences : « Je ne comprends pas : les travailleurs à l’extérieur n’ont pas l’obligation de porter le masque, mais le citoyen, lui, en a une de manière indifférenciée. » nous dit-il. À l’adresse du présentateur TV qui ne porte pas de masque, Fabrice Di Vizio continue dans sa lancée : « Vous argumentez (…) en disant : « C’est pas mal ventilé ici »… N’empêche que cet été, on a coupé les clims des maisons de retraite en disant que le climatiseur était propagateur du virus. »

une manière de nous museler…❞

Certains internautes ne sont pas dupes de ces incohérences et le disent « haut et fort » sur la toile . Une femme donne son opinion sans fard : « De toute façon, la société est complètement contrôlée par les hautes autorités, je pense que le port du masque à l’extérieur est complètement aberrant. » Une autre personne voit dans cette obligation généralisée « une manière de nous museler ».

Didier Raoult, directeur de l’Institut Méditerranée-Infection de Marseille, « aurait préféré qu’on reste à un niveau de recommandation plus que d’obligation ». « Si les masques peuvent rassurer, c’est une chose », faisait-il remarquer lors d’un entretien télévisé sur CNews le 19 août dernier, mais il se dit inquiet qu’une « fixation trop importante » soit faite sur le port du masque, « parce que maintenant c’est les gens qui vont vouloir faire la loi ».

Depuis le début de la crise sanitaire, les incohérences des propos tenus par le gouvernement sur la nécessité ou non du port du masque ont été légion. Fin février, le Ministre de la Santé, Olivier Véran, prononçait ces mots : « Porter un masque est parfaitement inutile. » À la date du 19 mars, en plein confinement, le Premier Ministre d’alors, Édouard Philippe, justifiait le non-fondé du port du masque pour le grand public ainsi : « Il n’est pas recommandé car il est inutile. » Selon l’avocat des professions de santé Fabrice Di Vizio, pour ne citer que lui, l’obligation du port du masque « en tout lieu et en tout temps » s’agirait donc d’une décision politique.

Pour ce qu’en dit la science, l’on peut se référer entre autres aux articles que l’on voit fleurir sur de nombreux sites, comme celui de l’IRNS (Santé et sécurité au travail), expliquant comment bien choisir son masque. « Un masque de soins ou de type “chirurgical” est un dispositif médical jetable », nous informe par exemple le guide Medical EXPO. Et d’expliquer ceci : « Il protège contre les agents infectieux transmissibles par voie “gouttelettes”. En revanche, il ne protège pas contre les agents infectieux transmissibles par voie “aérienne”. » Un vendeur de masques médicaux précise que « ces masques d’hygiène ne protègent pas contre l’inhalation de bactéries, particules fines ou encore de virus, ils servent à protéger les autres des postillons du porteur du masque. » Le débat scientifique est toujours d’actualité et il n’existe pas de consensus médical sur l’efficacité du port du masque à l’extérieur.

Si pour certains porter le masque est un moyen de se rassurer et de rassurer son voisin, pour d’autres il porte atteinte aux libertés individuelles, voire représente un véritable danger. L’Organisation Mondiale de la Santé précisait à ce propos dans un communiqué datant du 6 avril dernier qu’il fallait « tenir dûment compte des risques potentiels lors de toute prise de décision », le premier risque cité étant : « l’auto-contamination par contact avec un masque contaminé ou en cas de réutilisation de ce masque ».

L’hygiène des mains est primordiale.❞

Dans tous les cas, le masque ne constitue pas à lui seul une barrière contre une contamination possible ; comme nous le rappelait le professeur Raoult il y a peu ; l’hygiène des mains est primordiale dans la lutte contre la transmission des virus, tous confondus.

Ainsi, pour ce qui est de savoir si le masque protège réellement ou non de la Covid-19 à l’extérieur, l’opinion publique, tout comme la communauté scientifique, reste partagée. Une chose est sûre : à condition de bien le porter, il protège des amendes…

Publié par Lola à fleur de mots

Lola Swann ~ authoresse

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